Décès de Simon Bendall (1937-2019)
Le monde de la numismatique a perdu à la fois un grand professionnel et un savant. Un intérêt précoce pour l’archéologie et d’abord pour la monnaie romaine, l’amena à travailler chez Spink comme assistant de Georges Müller, puis pendant vingt ans chez Baldwin’s (1967-1987), deux ans à Los Angeles chez Numismatic Fine Arts (1988-1989). De retour à Londres et d’abord à son compte, il revint chez Spink et prit sa retraite en 2010, libre de se consacrer désormais entièrement à la recherche et à ses publications.
Son contact avec le marché fut ce qui l’orienta vers la numismatique byzantine : son premier article lui fit classer avec clarté l’ingrat monnayage de cuivre de Constant II (NCirc 1967), et il ne cessa pas ensuite de communiquer pièces inédites, ou nouvelles trouvailles entières qui passaient entre ses mains ou qu’il reconstituait à partir de lots épars tel le « Early Fourteenth-Century Hoard of Thessalonican Trachea » (NC 2001). Son insatiable curiosité l’amena peu à peu à défricher le monnayage tardif byzantin dont il devint le meilleur connaisseur : avant 1999 et la parution des deux derniers tomes du DOC, son Michael VIII (1974) et son Late Palaeologan Coinage (1979), illustrés des dessins de Peter Donald servirent longtemps de référence. Il y a deux ans son introduction au monnayage de Trébizonde (2015, 2e éd. 2016) faisait aussi le point sur un champ délaissé depuis longtemps. De même son livret sur les Byzantine weights (1996) constituait aussi un guide bien informé ) et le seul disponible sur ces poids, monétaires ou commerciaux, qui ne connaissaient pas encore la vogue relative d’aujourd’hui.
Ces quelques lignes ne peuvent rendre compte d’une œuvre foisonnante et très dispersée, qui touchait à d’autres domaines que la numismatique ; une nécrologie plus détaillée paraîtra dans la prochaine Revue numismatique. Italo Vecchi et William Veres préparent avec Eleni Lianta, un volume de réimpression de ses articles du Numismatic Circular et d’autres publications, accompagnés des souvenirs qu’il avait commencé de rédiger mais que la maladie l’empêcha de mener au-delà de 1991. Il avait donné plusieurs articles importants à la Revue numismatique et quelques autres au Bulletin. La SFN avait la première, reconnu ses mérites en l’élisant membre honoraire en 1996, quatorze ans avant la Royal Numismatic Society en 2010.
De nombreux amis britanniques ou étrangers ont assisté le 6 août au service funèbre en l’église St. Stephen à Londres, et entendu les témoignages de ses nièces sur « l’oncle Sim » «awesome, handsome, glamorous, raconteur, charmer, stalwart, youthful, rebel » et celui de Peter Clayton sur « le numismate ». Réunis ensuite selon sa volonté dans le pub des Queen’s Arms à Pimlico où il avait ses habitudes, ils ont pu évoquer les bons souvenirs d’une vie bien remplie et rayonnante. La SFN partage le deuil de sa famille qui est aussi celui de la grande tribu des numismates.
Cécile Morrisson