Jeton de vermeil 2024 – Mme Suzanne Frey-Kupper
Mme Suzanne Frey-Kupper reçoit le jeton de vermeil 2024. Pierre-Olivier Hochard prononce l’éloge de la récipiendaire.
En remettant aujourd’hui à Suzanne Frey-Kupper son jeton de vermeil, la SFN distingue l’une des plus grandes spécialistes des monnayages antiques de Méditerranée occidentale.
Son étude sur les trouvailles monétaires de Monte Iato (en Sicile occidentale) lui permit d’obtenir en 1987 une Licence ès Lettres de l’Université de Zurich en archéologie classique, préhistoire et histoire de l’art. Ce diplôme posait ainsi les bases des axes forts de la recherche de Suzanne Frey-Kupper en numismatique : étudier les monnaies dans leur contexte archéologique, les utiliser comme témoins à part entière de la culture matérielle antique afin d’appréhender l’histoire économique et sociale mais également religieuse, et comprendre leurs techniques de fabrication. Après avoir soutenu une thèse d’Histoire ancienne à l’Université de Lausanne en 2007, pour laquelle elle reçut le prix de la Faculté des Lettres de cette Université l’année suivante (2008), Suzanne Frey-Kupper fut maîtresse de conférences (« lecturer ») à l’Université de Zurich entre 2007 et 2011, avant de rejoindre l’Université de Warwick en 2011 en tant que professeure du Department of Classics and Ancient History, dans laquelle elle exerce encore aujourd’hui. Récompensée par le Global Contribution Award de cette institution en 2016, elle y est également conservatrice de la collection numismatique antique et préside le comité de pilotage du « Money and Medals Network’s » (MMN) hébergé depuis 2022 par le Department of Classics and Ancient Histoiry de Warwick. Elle fut également professeure invitée de l’American Numismatic Society de New York en 2014 et de l’Università degli Studi de Padoue en 2017.
L’expression de cette excellence universitaire s’incarne pleinement dans les champs de recherches de Suzanne Frey-Kupper. Très tôt sensibilisée à l’importance de l’archéologie, des contextes de découverte et des techniques de fabrication monétaires, elle présida dès 1985 le comité fondateur du Groupe suisse pour l’étude des trouvailles monétaires (GSETM), groupe qu’elle présida également entre 2004 et 2009. Cela lui permit de lancer en 1991 l‘Inventaire des trouvailles monétaires suisses (ITMS) de l’Académie suisse des Sciences humaines et sociales, et en 1995 les Untersuchungen zu Numismatik und Geldgeschichte / Études de numismatique et d’histoire monétaire, séries auxquelles elle contribue régulièrement (Selbstwahrnehmung und Fremdwahrnehmung in der Fundmünzenbearbeitung: Bilanz und Perspektiven am Beginn des 21. Jahrhunderts : II. Reflexionen / Regards croisés sur l’étude des trouvailles monétaires : Bilan et perspectives au début du XXIe siècle : II. Réflexions [ENH 7], édité avec H. Derschka et R. Cunz en 2014 ou encore Le trésor de Thun 1955 (CH Berne). 2’304 monnaies romaines au terminus 293 de notre ère (ITMS 15) avec S. Estiot et P. Zanchi en 2017). Elle collabore largement avec les institutions helvétiques telles que le Service archéologique des cantons de Berne et de Soleure, ou encore le Site et Musée romains d’Avenches. Elle publia ainsi en 2010 le chapitre consacré aux monnaies dans Le palais de Derrière la Tour à Avenches. Volume 2 : Étude des éléments de construction, de décor et du mobilier (Cahiers d’archéologie romande 118 = Aventicum XVII), dirigé par Daniel Castella et Anne de Pury-Gysel, et en 2018 Aventicum – Avenches (CH, Vaud. Sanctuaires antiques) (ITMS 16) en collaboration avec Isabella Liggi Asperoni et Nathalie Wolfe-Jacot.
Cet intérêt continu pour l’étude du monnayage en contexte archéologique se retrouve également dans la publication en 2013, en 2 volumes, de Die Fundmünzen vom Monte Iato (1971-1991). Ein Beitrag zur Geldgeschichte Westsiziliens (Studia Ietina X) aux éditions du Zèbre (dont elle fut la cofondatrice en 1995). Et c’est ainsi que l’on rejoint le second axe de recherche privilégié de Suzanne Frey-Kupper : les monnayages de la Méditerranée occidentale antique, en particulier siciliens, puniques et italiens. Pour ne citer que quelques-unes de ses publications sur ces thématiques, relevons « Appendice I. I ritrovamenti monetali », dans B. Bechtold, La necropoli di Lilibeo, 1999 ; « Aspects de la production et de la circulation monétaires en Sicile (300-180 av. J.-C.) : continuités et ruptures », Pallas, 70, 2006, « Coins and their use in the Punic Mediterranean. Case studies from Carthage to Italy fromt the fourth to the first century BCE” dans J. Quinn, N. Vella, The Punic Mediterranean Identities and Identification from Phoenician Settlement to Roman Rule, 2014 ou encore « Coins and Contacts », dans A. Bonanno, N. Vella (ed.), Tas-Silġ, Marsaxlokk (Malta) I. Archaeological Excavations Conducted by the University of Malta, 1996-2005, 2015. Signalons également l’article qu’elle publia avec Clive Stannard dans le volume 166 (2010) de la Revue numismatique : « Les imitations pseudo-Ebusus/Massalia en Italie centrale : typologie et structure, présence dans les collections et dans les trouvailles de France ». Avec Keith Rutter et John Morcom, elle prépare aussi le volume Sicily and Adjacent Islands de la collection de référence Historia Numorum, dont la publication est attendue avec impatience.
C’est donc un grand nom de la numismatique, qui se caractérise par la richesse de sa production scientifique à la fois polyglotte, diachronique et suprarégionale, que notre société honore aujourd’hui. En choisissant le titre des mélanges qu’ils lui offrirent en 2013, ses amis ne s’y sont pas trompés : Suzanne Frey-Kupper a bien La numismatique pour passion[1].
[1] S. Frey (éd.), La numismatique pour passion : Études d’histoire monétaire offertes à Suzanne Frey-Kupper par quelques-uns de ses amis à l’occasion de son anniversaire, Lausanne, 2013.