Décès de Peter Ilisch (1947-2023)
Peter Ilisch (1947-2023) fut responsable de la collection numismatique du Musée de Westphalie à Münster. En parallèle de ses obligations muséales, il mena une activité scientifique de haut niveau pour laquelle il reçut le jeton de vermeil de la SFN en 2015. Francophone, sa communication de remerciement, publiée dans le BSFN 2016, p. 49-56, résumait ses recherches sur le rôle de la monnaie en Allemagne aux Xe-XIe siècles. Se fondant sur les découvertes monétaires, des estimations de la fabrication monétaire et les quelques textes conservés, il soutenait que la monnaie était en premier lieu destinée à la circulation locale. Ainsi, il s’opposait à l’hypothèse du « Fernhandelspfennig », formulée en 1956 par Walter Hävernick, laquelle proposait que le but de la fabrication monétaire était l’exportation de l’argent sous forme monnayée vers l’Europe du nord et de l’est. Cette hypothèse reposait sur les riches découvertes monétaires autour de la Baltique. Cependant, la multiplication des trouvailles, certes plus modestes, en Allemagne même suite à l’essor de l’utilisation du détecteur à métaux donnait raison aux voix critiques. Peter assura la publication de maintes découvertes monétaires. Il participa avec Stanislas Suchodolski et Mateusz Bogucki au projet gigantesque de la re-publication des 250 000 monnaies du Haut Moyen Âge découvertes en Pologne. On lui doit des révisions de datation et de classification de nombreuses séries monétaires, comme les importants monnayages de Cologne et Goslar. Sa synthèse sur les monnaies du Haut Moyen Age frappées aux Pays Bas, en Belgique et dans le nord de la France est désormais la référence incontournable. Il « avait l’œil » – c’est lui par exemple qui découvrit dans un lot de gros tournois communs le blanc au châtel fleurdelisé inédit frappé en 1356 au nom de Philippe d’Evreux. Peter était toujours prêt à aider par un bon conseil ou en identifiant une monnaie difficile – si Peter qualifiait de « non identifiable » le fragment usé et corrodé d’un denier allemand mal frappé, on savait que c’était peine perdue de s’y acharner soi même !
Jens Christian Moesgaard