Décès de Vassiliki (Vasso) Penna (1952-2018)
Vasso Penna, est décédée à Athènes le 17 mai après avoir lutté trois ans contre la maladie qui l’avait frappée brutalement lorsqu’elle donnait le séminaire d’été de Dumbarton Oaks trois ans auparavant. Professeur d’histoire, numismatique et sigillographie byzantines à l’Université du Péloponnèse, elle était diplômée de l’Université Aristote de Thessalonique (1974). Elle avait préparé à Oxford, sous la direction de Michael Metcalf une thèse de doctorat intitulée Byzantine Monetary Affairs during the 8th, 9th, 10th and 11th centuries[1], étude exhaustive du monnayage byzantin et de sa circulation de 717 à 1081, que je me rappelle lui avoir fait soutenir avec Bryan Ward-Perkins dans le bureau de celui-ci, l’usage oxonien excluant le directeur de thèse d’un “jury“ réduit. Entre 1974 et 1998 elle avait travaillé dans les Éphories des Antiquités byzantines (de Macédoine de l’est et Thrace et des Îles de l’Égée du Nord-est), puis au Musée Numismatique d’Athènes, dont elle fut le directeur adjoint (1994-1998). Après son élection à l’Université du Péloponnèse en 2006, elle fut la première titulaire d’une chaire de numismatique et sigillographie byzantines dans une université grecque.
Chercheur infatigable, elle avait publié plusieurs articles importants sur la numismatique byzantine et médiévale, ainsi que l’introduction bilingue Το Βυζαντινό Νόμισμα/Byzantine Coinage. Medium of Transaction and Manifestation of Imperial Propaganda, (Nicosie 2002). Ses intérêts scientifiques s’étendaient bien au-delà de l’époque byzantine et de la numismatique comme le montrent ses articles sur les sceaux, son manuel sur la monnaie grecque à travers les âges, des “tortues” d’Égine aux “phénix” de Kapodistrias (Athènes 2001). Responsable de la collection de monnaies de la fondation KIKPE elle fit paraître – avec Yiannis Stoyas – le volume de la SNG Greece 7. The KIKPE Collection of Bronze Coins, Vol. I (Athènes 2012) et elle organisa une série d’expositions : au Musée Bénaki à Athènes sur la monnaie de bronze (2006), à la Fondation Martin Bodmer à Genève sur les Mots et les monnaies (2012), au Musée Pushkin de Moscou sur la représentation de la figure humaine de l’Antiquité à la période moderne (2016), chacune avec son propre catalogue bilingue[2].
Elle avait enseigné dans le cadre du Séminaire des Sciences historiques organisé par l’Institut National de la Recherche scientifique hellénique (depuis 1991), à l’Université du Péloponnèse, au King’s College de Londres (2009-2012) et au Summer Program on Coins and Seals de Dumbarton Oaks (2015). Par son ouverture et sa générosité scientifique et personnelle envers ses étudiants et les jeunes chercheurs elle a formé une nouvelle génération de numismates. Ils déplorent sa disparition. La SFN s’associe à la douleur de son mari Charalambos, de ses filles Daphni et Christina, ainsi que ses petits-enfants.
Cécile Morrisson et Pagona Papadopoulou
[1] Disponible sur https://ora.ox.ac.uk/objects/uuid:02e4cf82-a638-4bd2-a45b-09c17c585dc8 et dont les principales conclusions sont rassemblées dans « Life in Byzantine Peloponnese: The numismatic evidence (8th-12th c) in Μνήμη Martin Jessop Price (Βιβλιοθηκη της ελληνικης νομισματικης εταιρειας
[2] Xαλκούς ένεκα αλλαγής /Chalkous, for Everyday Dealings. The Unknown World of Bronze Coinage (Athènes 2006); Les mots et les monnaies, de la Grèce ancienne à Byzance (Gand 2012)/ Words and Coins, from Ancient Greece to Byzantium (Gand 2012 et 20142) ; Heads and Tails – Tales and Bodies: Engraving the Human Figure from Antiquity to the Early Modern Period (Gand 2016).